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Graciosa
 
-- 21 au 26 septembre 2011 --
 
De la verdure exubérante au désert volcanique aride, en à peine plus de deux jours de navigation. Bienvenue aux îles Canaries !
Plus de sable et de scories dans notre page "Photos" comme d’hab.

282 miles navigués en 53 heures, 5,3 nœuds de moyenne :o)
2928 miles parcourus depuis le départ
Escale à la Graciosa : mouillage devant la plage Francesca, 6m sur fond de sable
 
21 – 23 septembre : une nav’ « tranquille au travers...»
Notre nouvelle gazinière amoureusement calée dans la cabine, nous sommes libres de mettre les voiles. La météo promet un vent parfait, entre 10 et 15 nœuds de travers puis portant pendant trois jours. Le cœur léger nous larguons les amarres un peu après le lever du jour. Le soleil éclaire les verts reliefs de Madère, nous sommes heureuses d’être en mer.
Une fois dégagés de la protection de l’île, le vent souffle en rafales puis s’établit à 15 nœuds au travers : la journée peut commencer ! Frustrées dans nos envies de poisson par un trop long séjour à terre, nous sortons le grand jeu et toutes nos trois lignes : deux avec calamars, une avec leurre-poisson. Une première touche sur la canne à pêche se détache aussitôt. A la deuxième touche, on voit le poisson sauter sur deux vagues avant de se détacher de nouveau. Damned ! La troisième fois nous remontons la ligne avec grand soin – jusqu’à ça qu’elle s’emmêle dans les deux autres, libère sa prise et forme un tas de spaghettis en nylon piteusement remonté dans le cockpit. Deux heures à tout démêler (on conseille à ceux qui ont le mal de mer : les yeux rivés sur un tas de nœuds dans un peu de houle). L’estomac vide (et un peu retourné) apprend à modérer ses ambitions : deux lignes bien espacées suffiront. Finalement dans l’après-midi une bonite nous récompense de nos efforts. A la sauce Madère, un excellent dîner !
Notre première bonite
D’autres rencontres ne finissent pas systématiquement dans notre assiette : des poissons volants (dès le sud de Madère !) et une tortue luth. La nuit se déroule en quarts relativement tranquilles, à enrouler et dérouler du génois au fur et à mesure que le vent forcit ou mollit. Au point des premières 24 heures, le compteur indique 130 miles : on fonce !

Tenue de quart, version « en dessous du 35°parallèle » : ciré léger
Le lendemain midi, la radio refuse de capter RFI à l’heure de la météo. Bon, les prévisions avant le départ étaient stables et bonnes, alors on ne s’inquiète pas trop, malgré un vent qui varie du largue au près, entre 5 et 18 nœuds, nous forçant sans cesse à la manœuvre. Et puis il est passé où, le fameux soleil des îles ? Un crachin récurrent fait ressortir les cirés du placard.
La fin d’après-midi est sportive : le vent mollit, puis se relève d’un coup en refusant. Prendre le premier ris, enrouler le génois, prendre le deuxième ris, remonter notre bonite du jour (elle a choisi le bon moment celle-là !), affaler la grand-voile... des nuages de grains s’amoncellent. Le capot avant fuit de nouveau un peu ; l’antenne de l’autoradio casse dans une rafale, on la maintient avec du scotch en attendant l’arrivée. A la tombée du jour on aperçoit deux éclairs coup sur coup droit devant !
Le plan « orage » est déclenché un peu plus tard : on éteint tous les instruments, on confie la barre au fidèle Bob et on se cache à l’intérieur, en prenant garde de ne pas toucher de métal dans la cage de Faraday que forme le bateau. Une heure plus tard on ressort prudemment pour continuer à guetter les nuages et éviter les zones les plus sombres. Les quelques étoiles qu’on aperçoit sont bénies : elles permettent de repérer le sens de déplacement des nuages dans cet univers uniformément sombre. Les cumulus bas se déplacent avec le vent de nord-est mais les nuages de grains, un étage plus haut, arrivent en sens inverse (soit du sud-ouest) (... ?!??). Quelques cargos nous tiennent compagnie à l’approche du rail du Nord des Canaries. Présence presque rassurante : si la foudre doit tomber sur quelqu’un dans le coin, ce sera sans doute sur le plus gros...
Il est 4 heures du matin, il reste 50 miles à parcourir et on se demande ce qui va encore nous tomber dessus, si ce n’est le ciel... Laure fait une mini-sieste en ciré à l’intérieur quand le bateau empanne soudain puis se met à la cape. « Le régul’ est cassé ! » crie Camille. Ah... une nav’ tranquille on avait dit ? Bon a priori on n’a perdu aucune pièce, Bob s’est juste déboîté une rotule – il n’est plus tout jeune...
Euh il manquerait pas un truc, là... ?
On se relaie à la barre jusqu’à ce que le soleil se lève, rechargeant les batteries et permettant au pilote de nous libérer. Au point des deuxièmes 24 heures, on a parcouru 125 miles - et on aperçoit la terre ! On laisse l’île d’Alegranza à bâbord, pour approcher Graciosa au portant par l’est. Dernière ligne droite dans le Rio où le vent est censé s’engouffrer en rafales... par précaution on réduit la toile... et on allume le moteur, les soi-disant « rafales » ne permettant pas d’avancer à plus de 2 nœuds.

Arrivée sur Graciosa
Le port de Caleta del Sebo est plein (il est nécessaire de réserver pour s’y amarrer). Nous nous dirigeons vers le mouillage de Playa Francesca, réputé le meilleur de l’archipel et facilement identifiable : c’est là où sont tous les bateaux ! Cette plage fait partie d’une réserve naturelle et il faut demander une autorisation pour y mouiller, 10 jours à l’avance (voir mise à jour du guide Imray des îles de l'Atlantique, p 36). Mais nous, nos emails sont restés sans réponse... c’est vendredi après-midi, on tente quand même en espérant que les gardes soient en week-end.
On se glisse entre deux bateaux, on pose la pioche... on est arrivées ! Accueillies par notre ami hollandais Richard (de Sya), qui nous rassure sur l’absence de contrôle.
Déjeuner tardif de bonite teryaki, puis sieste :o)

A gauche le village de Caleta del Sebo, en face l’île de Lanzarote, et à droite le mouillage de la Playa Francesca – où est Saltimbanque ?
24 – 26 septembre : Graciosa
Paradis (coin de, n.m.) : anse d’eau turquoise chaude, au pied d’un paysage somptueux, abritant quelques voiliers de voyage. Exemple : « Saltimbanque mouille pour trois jours dans le coin de paradis qu’est l’île de Graciosa. »

Ile de Graciosa, vue du Sud-Est
Entre la fin de notre sieste et le début de notre nuit, nous découvrons depuis notre fenêtre un paysage minéral. Plus rien à voir avec Madère : l’île est aride, il n’y a pas d’arbre, pas d’ombre, 4 cônes volcaniques se dressent dans le désert. Vivement demain que l’on débarque crapahuter dans l’île !
La nouvelle vue de notre balcon !
Avant de retourner dormir, nous prenons le temps pour une petite baignade ! L’eau est claire, presque un peu plus fraiche qu’à Madère. On nage jusqu’à l’ancre : c’est bon elle est bien ensablée on ne va pas bouger ! On se lave aussi, le processus de la douche au mouillage vous est détaillé par Laure :

Une fois mouillée, on se savonne au gel douche spécial eau de mer, bien installée dans la baignoire à moteur

Et quand on a bien frotté partout...

... plouf on rince ! Un petit coup d’eau douce au pulvérisateur à bord parachèvera ce lavage économique en eau !
Première nuit aux Canaries dans des bonnes rafales à 25 nœuds. Le mouillage est très encombré pas facile de rallonger le mouillage sans rentrer dans un autre bateau, mais on tient très bien. Il fait également assez frais : on ressort les polaires pour dîner dehors et même la couette pour la nuit, ce qui ne nous était pas arrivé depuis Lisbonne il y a un mois !
Un dicton canarien insiste : « Sur Graciosa, vous pouvez enlever vos chaussures et oublier le reste du monde ! ». Il y a du sable partout sur l’île, jusque dans les « rues » du village. Prudentes nous partons quand même en sandales et bien nous en prend car tout le nord est couvert de « scories », ces pierres volcaniques très rugueuses. On recommande quand même les chaussures de rando pour faire le tour complet. Mais pour ce qui est d’oublier le reste du monde, pas de problème :o)
Laure en sandales de rando dans le désert de Graciosa
Arrivée dans le village de Caleta del Sebo. Et bah c’est beau en effet ! Et très dépaysant : les maisons sont blanches, cubiques, au toit plat, et posées sur le sable en essayant plus ou moins de matérialiser des rues. On se croirait plus au Maghreb qu’en Espagne ! On trouve vite le point wifi du coin où convergent régulièrement les navigateurs du mouillage.

Caleta del Sebo, avenue

Le cyber-palmier
Tour de l’île à pied pour bien continuer la journée : tout le nord de l’île est classé réserve naturelle et il faut rester dans les chemins. Au sud, on passe où on veut, à travers les dunes et les pierres volcaniques, cap direct sur là où on veut aller ! Un petit bout de terre vierge comme il ne doit pas en rester beaucoup dans le monde...

Paysages volcaniques, peuplés de buissons secs, d’euphorbes...

... et de drôles de petits œufs fossiles (nids d’insectes ?)
Au détour d’un petit cône nous tombons brutalement nez à nez avec la civilisation, sous la forme de la décharge de l’île : les détritus de tout genre brûlent gaiement dans un petit coin reculé. Il y avait pourtant des containers de tri à Caleta mais il semble que le verre, le papier et le reste sont bien vite remélangés...
« Centre de traitement des déchets de Graciosa »
De retour au bateau, petite plongée dans l’anse du mouillage. Nous y croisons de très nombreux poissons dont nous ne connaissons généralement pas les noms, sauf les barracudas ça on savait ce que c’était et on ne s’est pas trop attardées... Si des amateurs de zoologie aquacole peuvent nous instruire on est preneuses. Nous voyons aussi pour la première fois du corail vivant !


Pour nuancer un peu ce tableau idyllique, nous devons vous raconter nos péripéties du soir... En autonomie totale depuis plusieurs jours, nous avons décidé de faire du pain. Mais en ouvrant les coffres pour chercher de la farine supplémentaire nous découvrons que nos stocks de riz et de flocons d’avoine se sont transformés en colonie d’asticots... L’atelier cuisine s’est donc complété d’un atelier ménage, on se sent mieux sans tous ces passagers clandestins ! Moralité tout emballage en carton doit absolument être étanchéifié dans un sac ziploc... On finira quand même notre pain, mais il est un peu raplapla :o(
Comment ça les bretons ne savent faire que des crèpes ??!!

Parmi les menus travaux : nettoyage de la coque
Nous sommes si bien au mouillage... Partager notre temps entre balades, (l’ascension du volcan au sud-ouest de l’île vaut vraiment le coup !), plongées, travail sur le site, réparations sur le bateau après notre navigation courte mais intense... Alors certes nous devrions partir vite, car il y a tellement d’îles à découvrir. Mais tout le monde nous le confirme, le meilleur mouillage de tout l’archipel des Canaries est bien ici ! L’eau est belle, le paysage grandiose, et cette île sauvage, presque déserte, préservée du tourisme est exactement ce dont nous avions besoin après 12 jours au ponton dans la bruyante Funchal.

Vue depuis le sommet du volcan

Le bonheur... (au passage le bateau rouge est le grand frère de Saltimbanque, un Brise de Mer 34 !)
Alors on reste encore un peu, trois jours de parenthèse hors du monde et hors du temps avant de reprendre notre route. Et maintenant que nous sommes aux Canaries, la plus rapide vers l’Europe passe par les Antilles... (zut on n’a plus le choix alors ;o) )
 
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Vos messages:

Thibaut - 06/10/2011 10:26:28
!Hostia!
Y yo me quedo encerrado aqui en un hospital del Polo Norte...
Je me referais bien un petit voyage a la voile autour de la Macaronesie moi!
Bisous les filles.
Thib

Didier - 05/10/2011 12:23:46
pourtant , les asticots , c'est plein de proteines. C'est gaché de les jeter :-)

Camille & Laure - 01/10/2011 19:35:12
Coucou! Juste pour rassurer les plus acros d'entre vous qui n'auront pas manqué de remarquer que notre position actuelle dans "la route" a disparu: le serveur buggue - et nous sommes a Las Palmas de Gran Canaria :o)
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Hey: just to let you know, in case you're worrying not to see our current position on "the track": it's a servor's issue - we are alive, enjoying Las Palmas de Gran Canaria :o)

Kariine - 01/10/2011 07:45:50
Magnifique !!!! (j'étais frustrée depuis cinq jours par le VSAT poussif). Euh ici c'est la mer mais y'a rien à voir de comparable :o)

Vini - 30/09/2011 20:46:16
Pfffff jaloux jaloux jaloux......

Je pense à vous très fort, bises!!

(la fonction RSS a de nouveau buggé au fait... ;) )

Eric&Sandrine TRAOU MAD - 30/09/2011 12:09:31
Coucou les filles,
Vous nous aviez parlé de 3 norvégiens voyageant sur un 7m... et bien, ils viennent d'arriver sur Agadir...

Sylvia - 29/09/2011 21:16:40
Klinkt naar een leuke stop! En van foto tot foto worden jullie bruiner... hier is nazomer weer in NL. 25 graden en elke dag zon. Jammer dat ik moet werken... Bijna weekend! Ben terug uit Borneo's rainforest. Was ook heel erg leuk en avontuurlijk. Stuur nog wel een e-mail. Groetjes!

mum - 28/09/2011 17:37:40
j'espère que vous avez gardé une boite de beaux asticots dodus ,ce sont de très très bons appats!Merci de ce partage (textes et photos)c'est un VRAI BONHEUR

PtitHom3 - 28/09/2011 11:44:22
Bonjour Saltimbanque,
décidément on ne veut manquer aucun de vos articles, tout simplement génial. A force de vous lire, on va finir par quitter la Méditerranée! Mais on voit aussi de jolis coins mais hyper fréquentés. On s'en doutait quand même!
A bientôt,
l'équipage de PtitHom3

AUMADATROI - 28/09/2011 00:25:47
Salut Sltimbanque !
Content d'avoir de vos nouvelles.
Votre escale à Graciosa me donne furieusement envie d'y faire un détour en allant à Dakla.
J'ai trainé les lignes avec vos leurres pendant trois jours et toujours rien. Je suis surement envouté pour la pêche . . . ! ! !

Eric&Sandrine TRAOU MAD - 27/09/2011 22:34:42
A lire absolument, notre récent article sur le pain à bord mais... avec un four. Certains le font cuire en cocotte.

Bonne continuation,
E&S
http://spiritoftraoumad.blogspot.com/

la mamou - 27/09/2011 20:24:00
paradis (être au ): état de pure félicité d'une mamou qui partage le parfait bonheur de ses fifilles :-)))))
pas utilisé le laisser passé 59/11 ???

SuDad - 27/09/2011 20:15:39
Nouvelles péripéties, regardées par-dessus vos épaules, bronzées. Si Bob ne vous jouait pas des tours de temps en temps, si la foudre ne vous intimidait pas, si les asticots ne s'amusaient pas à la navigation clandestine, vous vous sentiriez des touristes, pas vrai ?
Merci pour ce nouvel épisode. Gardez bien vos sandales.

 
 
 
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