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Sao Nicolau – Santa Luzia
 
-- 21 au 27 novembre 2011 --
 
Des vallées encaissées et fertiles à la plage turquoise d’une île déserte, on poursuit notre découverte du Cap Vert.
Plus de photos qui donnent le vertige dans notre page "Photos".

48 miles navigués
4803 miles parcourus depuis le départ
Nos escales : Sao Nicolau – Tarrafal (mouillage); Santa Luzia (mouillage) ; Sao Vicente – Mindelo (mouillage)
 
21 au 25 novembre, Sao Nicolau
A peine arrivées, Laure risque quelques pas de reconnaissance à terre dans les dernières lueurs du jour, mais la véritable exploration de l’île commence le lendemain matin seulement, de manière méthodique : d’abord, les fonds. Sous la houlette de Julien (Ster Vraz) nous nous essayons à la chasse sous-marine à quelques encablures du mouillage, par 5 à 8m de fond. Les coraux abritent de joyeuses bandes de poissons de toutes les couleurs et toutes les tailles. Bizarrement, en visant un gros on remonte un petit... Compte rendu fidèle et illustré par l’impartiale Lizenn à retrouver sur le blog de Ster Vraz, ici.
« Vous voyez c’est facile y’a qu’à viser sous le rocher là... »
N’ayant pas convaincu dans le rôle de chasseur-assureur-de-pitance, nous revenons aux fondamentaux des tâches domestiques, et poursuivons notre exploration par la plage : dans le bâtiment cubique rose des bacs à lessive sont installés, les femmes du village viennent y laver le linge qu’elles laissent sécher à même le sol tout autour. Un grand puits fournit l’eau, un épi de maïs sert de bonde à lavabo, pour quelques escudos (nous avons donné 20, ça paraissait plus que satisfaisant), un jeune nous tire l’eau du puits pour remplir quelques bacs et frotte-frotte... tout est propre, nous n’aurons pas perdu notre journée.

Sable blanc, eau bleue et falaise noire
Méthodiquement nous élargissons notre rayon d’action : on sort de Tarrafal en longeant la mer vers le sud. Une piste traverse une grande étendue volcanique recouverte de végétation rase, coincée entre les sommets et l’eau. 6kms plus loin, au détour d’une falaise, une plage de sable blanc au pied de parois de basalte noir récompense les marcheurs qui ont persévéré jusque-là. A part quelques crabes jaunes aux yeux dressés en périscope qui s’enfuient au moindre mouvement, il n’y a absolument personne pour nous empêcher de profiter de l’eau claire. PS : pour trouver la piste qui mène à ce petit paradis, c’est facile : elle est balisée par des cadavres de chaussures aplatis à intervalles réguliers dans la poussière.
Maintenant, nous n’avons plus peur de rien et nous sentons de taille à affronter les plus hauts sommets ! Le plan du parc national est à disposition gratuitement chez le loueur de voitures près de la Camara Municipal. Il indique plusieurs chemins sillonnant le massif de l’ouest de l’île, où culmine le Monte Gordo (1312m). Vous nous connaissez, il y a une montagne, il va falloir qu’on monte dessus ! Et c’est parti pour la traversée du parc du nord au sud, en passant par son sommet. Le trajet prévu couvrait 10 km pour 1000m de dénivelé, une petite remise en jambes après quelques semaines de plat... enfin, c’était sur le papier. On s’égare, on descend, on remonte, on se retrouve : au final on a dû faire bien 15km à travers des champs en terrasse et des petits villages de montagne occupés par des gens adorables, qui se détournent en courant avec de lourds fardeaux sur la tête pour nous indiquer notre chemin dans un créole volubile et souriant. Plus au centre du parc les chemins sont mieux balisés avec des intersections et des panneaux tous les kms environ... et heureusement, car il peut en arriver des choses à un chemin en 1km ! Il peut : se transformer en lit de torrent asséché, se perdre dans les ronces, être recouvert par des éboulis, tomber d’une falaise à pic, finir en cul-de-sac au bord d’un piton rocheux parsemé d’habitations abandonnées... Finalement au sommet du Monte Gordo les nuages enveloppent tout d’une humidité cinglante, et nous redescendons vite au-dessous des nuages accrochés à partir de 1000 m pour retrouver quelques rayons. Tout ça pour ça... le pire c’est qu’on est ravies de notre journée à l’arrière du pick-up « aluguer » qui nous ramène de Cachaço (100 escudos / pers) en dévalant la superbe route qui traverse de larges vallées verdoyantes vers Tarrafal.
« Ah non c’est pas par-là ! Le chemin il passe tout en haut entre les pics vous voyez ? »

Vue typique, entre un dragonnier et une chèvre.

Autre vue typique... on choisit toujours le meilleur jour pour monter sur les sommets !
A propos des « aluguers » (vans ou pickup qui servent au transport collectif comme à Sal) : ils sont divisés en deux camps – ceux qui ont de la moumoute rouge sur le tableau de bord sont les supporters du Benfica (club de foot de Lisbonne), tandis que les « moumoute bleue » sont les inconditionnels du FC Porto. Les uns comme les autres sont pressés et klaxonnent à tout vat pour attirer l’attention de passagers éventuels. Parfois ils s’arrêtent, sans raison apparente, au bord de la route, pour ramasser ou déposer un colis, cueillir quelques épis de maïs, les donner un peu plus loin, discuter avec une p’tite vieille ou ramasser des herbes sèches... mais ils arrivent toujours à bon port, mélange typiquement capverdien d’efficacité européenne et de débrouillardise africaine.

Autre anecdote capverdienne : nous entrons allons à la pharmacie chercher un anti-bactérien pour éradiquer définitivement une gastro persistante. Elle est tenue par un homme en blouse blanche très propre, et semble bien fournie. Le pharmacien s’enquiert en français (après les salutations d’usage, car c’est un sénégalais) des symptômes et sort une boîte de ses étagères bien rangées. 3 comprimés / jour pendant 5 jours, inscrit-il sur l’emballage. La boîte coûte 2,85 euros... « mais on vend aussi les comprimés à l’unité, c’est 9 centimes» ajoute-t’il !
Avant de partir nous allons visiter Ribeira Brava, la capitale avec sa grande église qui fut cathédrale du Cap Vert et de Guinée, et ses anciennes demeures coloniales. Cette petite ville tranquille accueille un grand carnaval, paraît-il. De fait, le long de la vallée verte et cultivée qui en remonte, des chars attendent çà et là sous les herbes folles, entre les poulaillers et les papayers. Sur cette île on trouve aussi le dragonnier, arbre emblématique de Macaronésie* donne la sève est utilisée pour colorer les vêtements... et le grog ;-) On monte, on monte, avant de s’en rendre compte on se retrouve à Cachaço d’où l’on reprend notre route favorite vers Tarrafal.

(* la Macaronésie n’est pas un plat de nouilles mais l’ensemble des îles de l’Atlantique Nord, des Açores au Cap Vert. En gros notre terrain de jeu de ce côté-ci :o) )

La vallée de Riberia Brava
De retour en ville pour un dernier plein de fruits et légumes à la p’tite dame sur le port, d’eau (2 escudos/litre, sur le port aussi), les formalités de sortie à la police maritime (650 escudos pour tout le séjour). Nous profitons aussi d’internet offert par la Casa Aquario (sud de la plage entre l’hôpital et la mer) qui abrite l’association des skippers allemands et une école de cuisine.

Vue de la côte ouest, le Monte Gordo nous dit au revoir d’entre les nuages
Finalement à part quelques gamins un peu pressants qui se bousculent autour des annexes ou nous interpellent dans la rue en réclamant « money, money » (« Non non, não ne me chamo Moni, moi je m’appelle Camille » !), la population nous aura encore réservé un accueil chaleureux ici. Et l’île est bien belle, elle mériterait qu’on s’y attarde...

Mais le vent mollit un peu sur le mouillage ce soir, la météo prévoit 2 jours avec 15 nœuds seulement avant le retour dans alizés à 20 nœuds : c’est la fenêtre idéale pour tenter un mouillage plus sauvage sur l’île d’après...
 
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26 novembre, Sao Nicolau – Santa Luzia (25 miles)
Départ de bonne heure pour profiter de la lumière du jour. Sous le vent de l’île sur la côte ouest la mer est plate et il n’y a pas un souffle ; nous retenons le nôtre et nous tenons prêtes à subir une grosse claque dès la pointe. Quelques rafales se font sentir effectivement, mais Saltimbanque a déjà sa tenue légère, 2 ris et génois enroulé, et il file gaiement au nord des îlots Razo et Branco. Le courant de marée porte à plus de 1.5 nœud vers l’ouest, une aubaine. Comme le vent forcit encore on prend le 3è ris et quelques tours de plus dans le génois, et on file entre le travers et le largue, plein ouest, avec un regard de compassion pour un bateau qui nous double en sens inverse, galérant contre le vent les vagues et le courant... le bon sens pour visiter le Cap Vert c’est vraiment d’est en ouest !

Approche de Santa Luzia par l’est
En début d’après-midi nous approchons de Santa Luzia par le sud. Cette île déserte porte encore quelques traces à peine visibles de tentatives de colonisation. Elle est plutôt grande et au relief accidenté, mais trop basse pour accrocher les nuages pourvoyeurs de la pluie essentielle. Le courant est fort à la pointe sud-est, accéléré par la remontée des fonds (on a vu 15m !) entre Santa Luzia et Branco. Puis le chenal s’élargit et une longue plage apparaît, ponctuée d’un îlot isolé en son milieu. Juste à l’ouest de ce caillou les fonds remontent assez vite mais on peut mouiller par 5m (20m de chaîne, 5 de bout, hop !). On vise une tache de sable, et l’ancre atterrit dans quelques roches. Finalement elle tiendra très bien les rafales toute la nuit et se remontera sans problème. Saltimbanque est seul sur la plage, l’île déserte est à nous, rien qu’à nous !!!
Paysage de Far West

A l’abordage !!
Débarquer en annexe peut être compliqué dans les petits rouleaux du rivage et, tant qu’à se mouiller, nous choisissons l’option natation (sans oublier de saluer un banc de balistes au passage). A l’abordage !!! Difficile de décrire l’excitation de la découverte d’une île déserte, les yeux écarquillés qui scrutent le sol, le lointain, les airs, les oreilles qui se remplissent du chant des oiseaux et des grillons, les narines auxquelles parviennent de nouveaux mélanges de senteurs... Sans aller bien loin c’est déjà toute une aventure, on ramasse des gros coquillages, on s’amuse de voir des légumes anciennement cultivés revenir à l’état sauvage.

Saltimbanque est mouillé juste à gauche du soleil
De retour au bateau, douche sur le pont sans craindre le regard des voisins, et verre en terrasse pour profiter encore plus de notre île dans le soleil couchant. En dîner on déguste notre pêche du jour, un croisé entre un maquereau et un thon, à la chair rouge et sanguinolente (qui passe nettement mieux quand on se dit que c’est un steak). Elle est pas belle la vie ?

Le mouillage est très rafaleux (on est contentes d’avoir choisi une période sans trop de vent annoncé...) mais pas si rouleur cette nuit-là.
 
27 novembre, Santa Luzia – Mindelo (23 miles)

Départ aux aurores
Lever aux aurores pour profiter du courant. Nous remontons la pioche et longeons la côte sud lorsque le premier poisson mord (une espèce de carrangue). Bien Poulpi bien !

Au détour de la pointe nous voilà dans le fameux chenal de Santa Luzia, où le vent s’engouffre et lève contre le courant une mer inquiétante... Aujourd’hui heureusement le vent est raisonnable (on mesure 15-20 nds) et Saltimbanque bien toilé (2 ris + génois un peu enroulé) franchit sans encombre les vagues grosses mais régulières. Et puis il faut dire qu’avec presque 3 nds de courant avec, à plus de 7 nds sur le fond, le chenal défile plus vite ! On n’a d’ailleurs pas le temps de s’ennuyer, car une petite coryphène mord bientôt. On la remonte, bien calée au fond du cockpit sous les pieds de Laure (qui, assise à la barre, y trouve un repose-pieds très confortable). Celle-là à peine morte, une deuxième mord, puis une troisième... ça devient une industrie !
Pendant ce temps le paysage défile, on sort du canal de Santa Luzia pour rentrer dans celui de Santo Antão contre le courant mais avec le vent ! L’accélération attendue est moins forte que redoutée et nous renverrions presque la grande voile affalée par précaution... Mais déjà la baie de Mindelo se dessine. Laissant l’îlot au phare qui en garde l’entrée à tribord, nous y croisons de nombreux bateaux qui hissent les voiles, direction le large... La baie est large et d’accès facile. Derrière la jetée la zone de mouillage est bien pleine, et nous posons la pioche par 5m sur fond de sable. Trouver des alignements est aisé : les containers par la grue, l’immeuble par le lampadaire...c’est un mouillage urbain ! Qu’importe, le moteur n’est pas encore éteint que nous sommes déjà accueillies par Ster Vraz à bord de leur annexe au hors-bord flambant neuf. On souffle, on se pose à l’ombre du bimini pour déjeuner, on regarde autour de nous... ça y est, nous voilà tout au bout du plongeoir ! Le prochain pas sera pour faire un grand saut... Mais en attendant, on a bien l’intention de profiter un peu de cette dernière escale !
L’îlot-phare balise l’entrée de la baie

Approche de Sao Vicente par le nord-ouest
 
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Vos messages:

Laure - 07/12/2011 17:00:00
@ Hans and Remco: volgende keer moeten jullie echt doen: Cabo Verde is een leuk land en er is veel ruimte aanboord Saltimbanque voor jullie ;-)

@ Sylvia: Bedankt... wij gaan zeker onze familie en vrienden missen in het middel van de ocean voor de Kerst. Veel plezier met de vakantie, ik droom aan sneeuw en kou hier soms!!

Sylvia - 06/12/2011 20:17:17
Ik wens jullie alvast een veilige oversteek! Het wordt wel een avontuur, hoor. Handleuningen op skivakanties vasthouden, is maar iets heel kleins in vergelijking hiermee :-) Dus, ik denk aan jullie en hoop echt, dat jullie ervan kunnen genieten en voldoende afwisseling vinden op zee.

Hans en Remco - 04/12/2011 12:26:33
En wij zijn weer terug van Gran Canaria, we hadde nnog even getwijfeld of we naar de Kaapverdische eilanden zouden gaan, maar wilden jullie dat niet aandoen... ;-)

Sylvia - 03/12/2011 17:06:32
Wij zijn terug van Tenerife :-) Was heel erg leuk en zonnig! Relaxed week. Veel plezier op de laatste stop.

Ptithom3 - 01/12/2011 10:45:11
Toujours aussi bien écrit, de la vraie aventure! Bonne visite et bonne traversée!
L'équipage de PtitHom3

la mamou - 30/11/2011 11:51:59
Vous allez devenir les reines du mitonnage de coryphènes !!!


Hervé - 29/11/2011 22:10:10
6 mois d'entrainement avant le grand saut , il y a pire ! mais alors quel entrainement ... quasiment insulaire.
Et pour conclure ... une île déserte.
Bouh quel pied.
Bonne Nav et à bientot.

 
 
 
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